LA
PROBLEMATIQUE -TENTATIVE DE DEFINITION
• La définition du dictionnaire
PROBLEMATIQUE :
1. Qui prête à discussion ; dont l’existence, la vérité, la
certitude, la réussite est douteuse… (
Aléatoire, douteux ; Hypothétique ;
Equivoque, suspect ; Incertain)…
2. Art, science de poser les problèmes (Questionnement) ;
ensemble des problèmes dont les éléments sont liés…
[Le Grand Robert de la langue française. Deuxième édition.
Dictionnaires Le Robert, 1992.
Vol 7, p. 784]
• Définir des critères de la
problématique
Des propositions correctes de
problématiques :
1.
En quoi la chasse influe-t-elle sur la faune de notre région ?
2.
L’action de dégazéifier puis regazéifier certaines eaux minérales naturelles
est-elle importante pour les consommateurs ?
3.
Emploi-jeune : marchepied pour l’emploi ou voie de garage ?
4.
Comment les gens se représentent-ils l’effet des pastilles d’iode en cas
d’accident nucléaire ?
5.
La cigarette est-elle un moyen de socialisation pour le jeune ?
Des propositions qui ne sont
pas des problématiques :
1.
Qu’est-ce qu’un additif dans les aliments ?
2.
Quel téléphone portable faut-il choisir ?
3.
Quelle est l’évolution de la notion de temps dans l’histoire ?
4.
Comment se déroule une éruption volcanique ?
Des propositions à classer en
problématiques ou non… ou à reformuler :
1.
Pourquoi certaines personnes arrachent-elles les plantes OGM ?
2.
La présence d'un club sportif de haut niveau dans une ville a-t-elle seulement
des conséquences positives ?
3.
Le vélo est-il un bon moyen de locomotion en ville
4.
Comment peut-on expliquer le développement touristique de notre région ?
5.
La vision chez le chat
ET
TOUJOURS, LES NOTIONS !
Les
notions sont les points fixes du programme. Il faut donc que le sujet et la
problématique choisis permettent de les éclairer. On peut même se donner pour
règle d’utiliser forcément un ou plusieurs des mots constituant la liste des
notions au programme pour formuler la question à débattre.
QUELQUES
EXEMPLES DE PASSAGE DU THÉME AU SUJET PUIS À LA QUESTION
QUATRE
THÈMES POUR CHAQUE NIVEAU
Citoyenneté et civilité
Représentation et légitimité du pouvoir
politique
Evolution des sciences et des techniques
Citoyenneté
et intégration
Formes de participation politique et action
collective
Exigences renouvelées de justice et d’égalité
Citoyenneté
et travail
République et particularismes
La construction européenne
Citoyenneté
et transformations des liens familiaux
Devoirs du citoyen
La mondialisation
JE CHOISIS
UN THÈME :
Citoyenneté et transformations des liens
familiaux
Républiques et particularismes
La citoyenneté et la mondialisation
UNE INFINITÉ
DE SUJETS S’OFFRENT À MOI
L’adoption
Le PACS
Les
naissances hors mariage
Les
naissances sous X
Les familles
recomposées
Les familles
monoparentales
Droits et
devoirs des enfants et des parents
Le divorce
Le mariage
L’avortement
La
contraception
Le(s) communautarisme(s)
Le(s)
régionalisme(s)
Les langues
régionales
La Corse
L’État, la
laïcité et les religions
La parité
hommes-femmes
La mondialisation économique.
Le commerce
mondial
L’organisation
mondiale du commerce
Le rôle des
entreprises multinationales
Les
antimondialistes
Les
altermondialistes
Les sommets
de Davos
Le G8
La
mondialisation culturelle
Les grandes
organisations internationales (ONU…)
Le projet de
taxation des transactions financières (ATTAC)
Le
développement durable
La lutte
contre la pollution
JE CHOISIS
UN SUJET : PAR EXEMPLE :
L’accouchement sous X
L’État, la laïcité et les religions
Les mouvements « altermondialistes »
J’ÉVITE DE
POSER UNE QUESTION QUI NE SE POSE PAS :
« Qu’est-ce que l’accouchement sous X ? » :
Simple formulation interrogative du sujet. La définition de l’expression,
concept juridique, ne pose pas réellement problème.
« Les religions menacent-elles l’État
français? » : On n’en est pas là.
« Pour ou contre la mondialisation ?» : Le
débat risque rapidement de s’enliser.
JE MOBILISE
LES NOTIONS DU PROGRAMME
Droit de la personne, sociaux et politiques,
citoyenneté, droits de l’homme et du citoyen
Pouvoir, État de droit, citoyenneté,
démocratie légitimité (me semble-t-il, au moins bien sûr dans le sens moral du
mot)
Citoyenneté, justice, intérêt général,
responsabilité, éthique
JE FORMULE
DES QUESTIONS QUI FONT EFFECTIVEMENT DÉBAT
Doit-on autoriser les enfants nés sous X à
connaître l’identité de leur mère ? Ou, pour reprendre une notion du programme
: connaître sa mère génétique est-il un droit de la personne ?
Le foulard islamique : attribut légitime de la
liberté religieuse ou signe d’oppression des femmes ?
L’Etat, en
France, doit-il légiférer sur les signes d’appartenance religieuse, dangers et
intérêts d’une législation.
Les « altermondialistes », avant-garde d’une
citoyenneté mondiale, ou réactionnaires ?
VOILÀ, JE
TIENS MA PROBLÉMATIQUE
QU’EST-CE QU’UNE PROBLEMATIQUE ?
1. Définition de la
problématique
2. Qu’est-ce qu’une bonne
problématique ?
3. Comment problématiser ?
1. Définition de la
problématique
- Selon le Robert, une problématique, c’est «
l’art de poser les problèmes »... Problématiser, c’est donc être capable
d’interroger un sujet pour en faire sortir un ou plusieurs problèmes. Au-delà,
l’élaboration d’une problématique suppose la capacité à articuler et à hiérarchiser
ces problèmes.
-
Un problème sous forme de questions
Problématiser,
c’est l’art de poser les questions pertinentes – qui est une caractéristique de
toute activité scientifique. Cf. Lévi-Strauss : « Le savant n’est pas celui qui
donne les bonnes réponses, mais celui qui pose les bonnes questions ».
On
peut imaginer formuler une problématique, en posant une question à laquelle l’article
ou le dossier apporte une réponse (mais différente toutefois d’une solution
définitive). En fait, il ne s’agit pas tant d’apporter une réponse que de la
construire progressivement, en approfondissant la question initiale.
L’EFFORT DE PROBLEMATISATION,
c’est la « capacité à faire surgir du sujet une série de questionnements et de
problèmes articulés entre eux et à choisir un angle d’attaque pertinent et
fécond » (Rapport du jury, Capes de
Sciences Economiques et Sociales, 1998).
Il
implique donc :
1) travail de reformulation sous forme d’un ou plusieurs
questions articulées ;
2) stratégie argumentative permettant de répondre de manière cohérente
à l’ensemble de ces questions
- La problématique donne sens au devoir et en constitue la clé
de voûte (Le Méhanèze, 1999)
- La problématique peut souvent être formulée sous forme de
paradoxe.
2. Qu’est-ce qu’une bonne
problématique ?
3 caractéristiques :
-Problématique
« englobante » : donne au sujet son extension maximale ; les principaux aspects
du sujet sont abordés.
-Problématique
« actuelle » : prend en considération l’état le plus récent du débat théorique
et des données empiriques, tout en les mettant en perspective dans le temps et
dans l’espace.
-Problématique
« féconde » : la plus riche possible.
FICHE METHODOLOGIQUE
3. Comment
problématiser ?
Remarque : ici, il s’agit de voir comment élaborer une
problématique (dissertation)
- 2 éléments essentiels pour la
dissertation :
* L’enjeu
de toute dissertation, c’est de transformer l’énoncé en un sujet de réflexion ;
de
répondre à
une question implicite ou explicite ;
* à sujet
unique, problématique unique (c’est-à-dire un même enjeu principal).
-De l’analyse du sujet au choix
d’une problématique :
1ère étape
: l’analyse du sujet ;
2ème étape
: Conseils techniques ;
a. Comment
analyser un sujet ?
Cf.
notamment Etienne et Revol (2002).
-Savoir
lire un énoncé :
* conseil
: recopier l’énoncé.
* bien
lire un énoncé, de manière à le circonscrire :
.. Bien saisir la signification du sujet,
de manière à éviter trois principales erreurs :
• Traiter
un autre sujet que celui qui est posé ;
• Etendre
abusivement le champ du sujet (hors sujet) ;
• Ne
traiter qu’une partie du sujet.
.. Règle d’or : « traiter tout le sujet,
rien que le sujet » (cf. rapport sur l’oral du
Capes de SES, 1997)
* lire
avec méthode l’énoncé : tous les termes n’ont pas la même valeur.
• Ceux qui
permettent d’identifier la nature de la question : « dans quelle mesure… », «
peut-on dire… » appellent une réponse nuancée, alors que « montrez que »
indique que seul un aspect de la question doit être étudié ;
• Ceux qui
appartiennent au langage spécialisé (de la science politique, du droit, …) et
qui détermine le champ conceptuel du sujet ;
• Ceux qui
donnent des indications spatio-temporelles : le cadrage du sujet.
.. Trois éléments doivent être
identifier dans tout sujet :
1. La
question : que me demande-t-on ?
2. Le(s)
thème(s) d’étude : sur quel domaine de connaissances ?
3. Le
cadre : dans quel contexte spatio-temporel ?
- Comprendre le sujet :
A.
Trois types de sujets :
Il
existe différents types de sujets, plus ou moins problématisés – selon que la
question est explicite (sujet formulé sous forme interrogative) ou implicite
(concepts reliés par la conjonction de coordination ‘et’ ou formulation suggérant
l’existence d’un débat). 3 catégories :
* les énoncés sans
problématique apparente : les sujets de type ‘analyse’
Ex : « Les
ouvriers dans la société contemporaine ».
2 stratégies a priori :
•
L’inventaire de manière à englober tous les aspects du sujet
2 risques
: l’absence de problématique ; en rester au superficiel .. à éviter
• Choisir
un angle d’attaque jugé particulièrement pertinent : une stratégie plus
risquée, mais intéressante.
* les énoncés à problématique
explicite : sujets de type ‘discussion’
Ces
sujets sont introduits par les expressions : « Faut-il… ? », « Peut-on… ? », «
Est-il
souhaitable…
? », « Dans quelle mesure observe-t-on… ? » Ex : « Peut-on encore parler d’une classe
ouvrière ? » Ces sujets portent souvent sur des thèmes qui prêtent à la
controverse :
• Quant à
la pertinence d’une notion ou d’un auteur : « Dans quelle mesure les employés
constituent-ils
un groupe social ? » ;
• Quant à
la possibilité d’un phénomène : « La fin des ouvriers ? » ;
• Quant au
caractère souhaitable d’une politique : « L’intervention de l’Etat est-elle une
solution
aux défaillances de marché ? » ;
• Quant à
l’impact d’un phénomène A sur un phénomène B.
* les énoncés à problématique
implicite : sujets de type ‘mise en relation’
• le plus
souvent, conjonction de coordination ‘et’
Ne pas
étudier chaque phénomène séparément, mais au contraire envisager leur
ARTICULATION : complémentarité ou opposition ; corrélation ; relation de causes
ou d’effets.
Cela
implique d’étudier systématiquement les deux types de catégorisation : par
rapport au contexte de l’émergence d’un phénomène et par rapport à la manière
d’appréhender la réalité sociale. Ex : « Pauvreté et exclusion ».
• « ou » :
moins d’ambiguïté. Le sujet suggère d’envisager successivement les deux aspects
du
problème. Ex : « L’opinion publique, construction ou photographie du réel ? »
B. Les thèmes d’études
.. Il s’agit de clarifier les
concepts mobilisés par le sujet ;
•
définir chaque terme ;
•
distinguer les mots proches (ne pas confondre des termes voisins) ;
•
ne pas prendre le tout pour une partie et vice versa.
C. Le cadre spatio-temporel
Plusieurs types de sujets de ce
point de vue :
•
sujet explicitement situé ; Ex : « Vous présenterez les déterminants du vote
dans la France des années 2000 ».
•
sujet implicitement situé (par les termes « actuellement », « aujourd’hui », «
encore ») ;
Ex
: « Quels sont les principaux facteurs influençant le vote aujourd’hui ? »
•
sujet non délimité : lorsque le cadre n’est pas fixé avec précision dans
l’énoncé, vous devez
le
faire, en justifiant rapidement le choix dans l’introduction. Ex : « Les
déterminants du vote ».
b. Conseils techniques
-
Formuler les différentes questions qui se posent par rapport au sujet :
* divers types de questions :
• En quoi
? dans quelle mesure ?
• Par
quels moyens ? Comment ?
• Pourquoi
?
* le but de ces questions : ce
n’est pas de décrire, mais d’impulser une dynamique.
-En
sélectionner une ou deux autour desquelles tout le développement sera
construit.
* éviter de poser trop de
questions, car une surabondance de questions témoigne d’une
incapacité à sélectionner les
axes principaux, à repérer les variables clé ;
* s’il y a plusieurs questions,
ne pas les présenter successivement, mais introduire des
phrases de transition qui
montrent pourquoi la question suivante est pertinente et dépasse la
précédente ou se présente sur
un niveau différent.
-Attention
: si le sujet est formulé sous forme de question, la problématique ne doit pas
reprendre
la même question comme problématique.
Références
mentionnées :
FERREOL
Gilles, La dissertation sociologique, Armand Colin, 2000, 192 p.
LE MEHANEZE – LEFAY Sophie, La dissertation, Edition du temps,
1999, 158 p.
REVOL René et ETIENNE Jean, La dissertation économique, Paris,
Armand Colin, coll. Cursus, 191 p.