dimanche 10 avril 2016

LA COMMUNICATION SHEMAS ET ENJEUX



La Communication: Le schéma de la communication.

1. Présentation.

La communication passe en fait par deux "gros tuyaux".



Celui de la communication analogique qui regroupe les mimiques, gestes, l'intonation de la voix, ...
Celui de la communication numérique qui comprend le "texte" ou les "paroles" du message.
Nous sommes tout à la fois émetteur et récepteur. Nous envoyons des informations et nous en recevons.
Les informations numériques et analogiques circulent donc dans les deux sens.


Lorsque deux personnes sont en présence, il y a fatalement communication.
Cette communication sera plus que probablement analogique avant d'être numérique.
Certains aspects du schéma vont être explicités plus loin.
Nous allons pour l'instant nous intéresser aux aspects numériques et analogiques.

La Communication:
2. Langage analogique et numérique: Comment ils se complètent.
 
L'analogique regroupe les informations qui concernent la communication non verbale (gestes, mouvements, ...) ainsi que l'intonation de la voix et la forme de l'écriture.
Le numérique ne concerne que le contenu (rationnel, conscient, objectif) du message sans la forme (subjective, inconsciente, passionnelle) du message.
L'analogique et le numérique se complètent.

Voyez l'exemple ci-dessous.

Prenons l'exemple d'un enfant qui nous dit "Martin m'a enlevé mon camion".
Ce message est formulé sur un mode digital qui nous informe que cet enfant s'est fait prendre son camion par une autre personne nommée Martin.
Pourtant, pour nous lecteur, il nous manque des informations complémentaires nécessaires si nous voulons évaluer les conséquences affectives de ce message.
Il y a tout d'abord une information de mode analogique importante qui fait défaut, il s'agit de l'intonation de la voix de l'enfant (la prosodie de cette phrase). Sur quel ton l'enfant prononce-t-il cette phrase ?
Supposons que la "mélodie" de cette phrase soit du type "hurlement plaintif". Nous pouvons alors décoder que l'émetteur du message est triste, fâché, en colère.
Si nous ajoutons à ces données de mode analogique
Lorsqu’on voit l’image qui suit, tout s'éclaire.
Le visage rouge, les muscles crispés autour de la bouche grande ouverte, les paupières mi-closes mais crispées confirment ce que nous avions perçu par l'intonation de la voix.
Les informations sont concordantes.

Si le langage digital seul avait dû véhiculer ces informations, l'enfant aurait dû formuler: "Je suis triste et fâché car Martin m'a enlevé mon camion" (Ce qui est au-dessus des moyens d'un enfant en proie à une vive émotion).
Cela souligne d'ailleurs le problème majeur auquel nous allons être confronté: Une personne en proie à une émotion éprouve de grande difficultés à s'exprimer avec clarté via le langage numérique.

La Communication: Comparaison entre analogique et numérique.

Le langage analogique et le langage numérique n'ont pas la même nature et ne fonctionnent pas suivant les mêmes règles.

En linguistique et dans les recherches sur la communication, on trouve une polarité plus éclairante avec les notions de mode soit analogique, soit digital.  
Traçons-en ici le tableau comparatif:  
MODE ANALOGIQUE 
MODE NUMERIQUE (DIGITAL)  
Concerne la partie droite du cerveau (cf. nos deux cerveaux).  
Concerne la partie gauche du cerveau.
Ce mode de communication s'acquiert spontanément dès le naissance. Certains de ses aspects se manifestent dès la naissance.   
Ce mode de communication s'apprend d'une manière plus volontaire (rôle de l'effort, de l'éducation, de l'enseignement).  
Inconscient et involontaire car une partie de cette communication nous échappe.
Conscient et volontaire car une partie de cette communication peut également être sous notre contrôle.
Mais nous ne pouvons pas tout contrôler, ce qui explique que des personnes qui jouent la comédie se trahissent par des petits détails.
Par exemple: Vouloir gronder un enfant avec "un sourire en coin".  
Conscient et volontaire.
Si on excepte le lapsus, aucune partie du message ne devrait échapper à l'émetteur.
Dans le code, la forme ressemble au contenu.
Par exemple: Frapper des doigts sur la table témoigne de l'impatience. Ce mouvement des doigts correspond au mouvement des jambes que je ne peux pas faire.  
Nous sommes en présence d'un code reposant sur des conventions. Les signes utilisés n'ont plus de rapport avec le message véhiculé.  
Je communique que je le veuille ou non.
De par mes gestes, mon regard, la présence de mon corps, même si je n'émets pas de message verbal, je transmets des informations.  
Je peux ne pas communiquer si je le souhaite.
Lorsque je fais du "chat" sur internet, si je ne tape rien au clavier mon interlocuteur ne reçoit aucune information (à part que je n'en envoie pas). Suis-je fâché, fatigué, occupé à autre chose, … ? Si je ne l'écris pas, mon interlocuteur ne peut pas le savoir.  
Tout est affirmation.
Par exemple: "Ne voyez pas un cheval rouge " entraîne fatalement la vision d'un cheval rouge. 
Je peux affirmer ou nier.
Par exemple: "Tiens bien ton verre" = "Ne laisse pas tomber ton verre".  
Centré uniquement sur le présent. Il est impossible de l'utiliser pour le passé et le futur.
Centré sur le présent, le passé et le futur.
Un texte peut décrire une scène passée, actuelle ou future.  
Un message peut avoir plusieurs significations.
Par exemple, cette jeune fille semble triste, boudeuse, rêveuse, … ?
- Une perte d'information laisse encore du sens (Masquer la bouche de l'exemple).
Il n'y a normalement qu'une et une seule signification ou au moins un nombre restreint de significations.
Par exemple, si la jeune fille ci-contre déclare (sans vouloir mentir): "Je suis triste", cela éclaire son attitude.
- La moindre perte d'information peut être catastrophique (Imaginons une conversation au téléphone: "Allo, je suis .." - parasites - "peux-tu m'aider ? Au secours!"… )

Les problèmes de codage et décodage.

Lorsque nous communiquons, nous vivons souvent sur l'illusion que notre manière de voir le monde est la même que celle de la personne avec laquelle nous parlons.
Lorsque nous décodons des paquets d'informations cela suit à peu près le schéma suivant ... 
Les informations transitent par nos centrales analogiques et numériques pour aboutir à nos centres mentaux, émotifs et physiques. Sur le trajet, les informations sont interprétées en fonction de nos souvenirs, expériences, de notre personnalité, ... .
Les expériences que nous faisons se stockent sous forme de souvenirs.
Les souvenirs que nous avons sont déterminants et orientent notre décodage des informations.
Notre carte du monde n'est pas forcément commune avec celle de notre interlocuteur.
Je vais prendre l'exemple de ma fille qui adore son chat et lui montre son affection comme sur la photo, c'est-à-dire qu'elle le serre très fort et "lui fait de bisous".
Chez les chats ce genre de comportement n'a rien de gestes d'affection et ma fille risque surtout de se faire griffer ou mordre.
Et bien entre humains, nous ne sommes pas plus malins. Nous vivons souvent sur l'illusion que notre manière de coder les choses va être décodée avec le intentions que nous y avons mises. Pourtant des intentions aux résultats, la distance est souvent aussi grande qu'entre ma fille et son chat.
Si ma fille serre le chat et l'embrasse, c'est qu'elle reproduit le mécanisme "montrer de l'affection" qu'elle a expérimenté avec sa maman. Elle va puiser ce comportement dans sa boîte à souvenirs.
Chez les chats, l'affection se manifeste en se frottant l'un sur l'autre et en poussant un petit cri du style "rrrou". Les bisous, ils ne connaissent pas et l'étreinte leur fait plutôt penser à celle d'un boa constrictor. Ces informations ne sont pas répertoriées comme positives dans leur boîte à souvenirs.
Pour une communication entre humains, imaginons la situation suivante:
Mr Truc est en querelle de voisinage avec Mr Machin. Il lui rend visite pour parlementer.
Mr Machin veut apaiser Mr Truc et lui offre un verre de whisky. Hélas, Mr Truc est représentant de la ligue anti-alcoolique. Ce qui devait être un geste d'apaisement devient un acte d'agression. Mr Truc fusille Mr Machin du regard. Mr Machin embarrassé "Ah, vous n'aimez peut-être pas le whisky, une petite liqueur de prune alors?"
Tout ceci pour vous expliquer qu'en tant que professionnel, nous devons être très attentifs à ne pas plonger tête baissée dans ce type d'erreur.
Nous devons être capable d'adapter notre communication à l'autre et ce n'est pas à l'autre de s'adapter à la nôtre.
Voyons maintenant ce que cela donne dans le schéma général de la communication.

Nos émotions sont influencées par celles de l'interlocuteur.
Nous avons déjà étudié qu'une personne porteuse d'une émotion code cette dernière surtout involontairement et inconsciemment. Il envoie donc à son interlocuteur des signaux qui indiquent qu'il vit cette émotion (Cf. signaux des différentes émotions de base). Ces signaux "transpirent".
Il faut savoir qu'une personne qui reçoit ces signaux est à son tour influencée dans sa sphère émotive. Par exemple, lorsque je suis en interaction avec une personne qui est triste, je me sens gagné par la tristesse.
Mais le phénomène ne se limite pas à la simple contagion telle que décrite dans la dynamique des émotions (Gordon parlera de phénomène de sympathie).

Le codage et le décodage de l'information est lui aussi influencé par mes émotions. Par exemple, si je croise une personne énervée, je peux m'imaginer que cette personne m'en veut. 
Et cela va encore aller au-delà quand nous allons envisager le mental.

Le mental est la partie rationnelle et archives de notre pensée, je l'assimile à un ordinateur qui possède des capacités de programmation, de calcul, de raisonnement et de mémoire.
Ce mental est lui aussi influencé par nos émotions quand il ne leur sert pas relai.
  • Influencé par nos émotions. Il l'est lorsque par exemple lors d'un examen nous sommes incapables de nous souvenir d'une information pourtant maîtrisée la veille mais ici nous sommes stressés. De même sous l'effet de la peur, nous calculons, raisonnons moins bien. 
  • Relai de nos émotions. De par les données mémorisées qui sont porteuses d'émotion et qui lorsqu'elles sont réactivées viennent influencer notre émotion du moment. Cela peut aussi se produire lorsque notre raisonnement interne construit des pensées qui nous font peur.
Comme le mental est l'outil principal qui sert au décodage (et aussi au codage) mes émotions en agissant sur mon mental et mon mental en agissant sur mes émotions influencent sensiblement notre décodage de la réalité.
Ainsi si je suis triste, je perçois avec beaucoup plus de facilité des choses tristes la où il n'y en a pas.
Une musique romantique deviendra nostalgique, un coucher de soleil évoquera la mort, ... .
Et bien évidemment ces souvenirs ou interprétations m'attristeront encore plus.
Voyons dans un exemple concret comment le décodage peut-être complètement saboté par le jeu des émotions et du mental et ... un facheux concours de circonstances.
Comment Jean-Jacques a "agragiflé" Marc ?
Voyons dans un exemple concret comment le décodage peut-être complètement saboté par le jeu des émotions et du mental et ... un facheux concours de circonstances.
Marc et Jean-Jacques sont deux employés de bureau. Ils ont chacun un bureau personnel.Marc a besoin d'une agraffeuse et se décide d'aller la demander à Jean-Jacques qui est dans le bureau à côté.
Marc est nerveux ce matin, il marche vite, il est pressé car il doit rentrer ce rapport rapidement et il a besoin de l'agraffeuse de Jean-Jacques pour fixer les feuilles.
Jean-Jacques lui a passé une mauvaise nuit, les bruits trop violents l'énervent . Dans le couloir, il entend des pas rapides, il se dit que cette personne est bien énervée et agressive (interprétation particulière dûe à sa mauvaise nuit). Marc surgit dans le bureau de Jean-Jacques qui sursaute (PEUR puis COLERE ). Avant même les premières paroles la conversation commence mal. Marc formule sa demande mais avant même d'avoir fini plusieurs faits vont interférer.

1. Le sourire de Marc



Marc a appris par conditionnement avec ses parents qu'il faut sourire pour obtenir plus facilement quelque chose.
Dans son milieu et dans la société en général cela a un effet apaisant sur l'interlocuteur.
Comme Jean-Jacques porte tous les signes de l'agacement, Marc émet inconsciemment et involontairement un sourire.
Hélas, dans les souvenirs de Jean-Jacques, revient le sourire de papa (qui a des traits de ressemblance avec Marc : moustache, chauve, ...) qui chaque fois qu'il allait faire un "coup fourré" à Jean-Jacques souriait au préalable.
Avec les émotions réveillées, Jean-Jacques est encore plus hostile vis à vis de Marc

2. Le parfum de Marc


En entrant brutalement dans le bureau de Jean-Jacques (Territoire de Jean-Jacques, nous verrons plus tard que ce n'est pas gratuit), Marc déplace de l'air qui amène aux narines de Jean-Jacques l'odeur de son après rasage. Dans la mémoire de Jean-Jacques jailli inconsciemment un rapprochement: C'est le même parfum que celui de l'amant de la femme de Jean-Jacques.
Une bouffée de tristesse, de rage, de colère monte en Jean-Jacques qui est de plus en plus mal disposé vis à vis de Marc.

3. Les souvenirs des expériences vécues avec Marc.


Quand Marc demande à Jean-Jacques l'agraffeuse à prêter, il revient à Jean-Jacques les souvenirs des expériences vécues avec Marc ainsi que les émotions qui allaient avec.
La malheur veut que la plupart des expériences où Jean-Jacques a prêté du matériel à Marc se sont soldées par un non retour du matériel prêté et la colère de Jean-Jacques.

4. La dynamique des émotions de Jean-Jacques.

Voilà donc tout une constellation d'émotions de colère et de tension qui se forme.
Elles sont pour l'instant encore réprimées par Jean-Jacques mais des indices de tension transpirent et parviennent par le canal analogique à Marc .

5. La dynamique des émotions de Marc et son programme de réaction.

Marc prend peur et pour calmer Jean-Jacques persiste dans sa stratégie du sourire, il augmente l'intensité de son sourire et renouvelle sa demande de manière plus affirmative.
"Prête moi ton agraffeuse".

6. La dynamique des émotions chez Jean-Jacques.

C'en est trop. Jean-Jacques se sent agressé , les émotions réprimées présentes et passées se libèrent brutalement. Jean-Jacques riposte en passant violemment à l'action .

La Communication: Les enjeux de la communication.

A. Les facteurs qui détériorent la communication.
La communication est détériorée par différents facteurs que nous allons essayer de cerner ici.
Reprenons l'exemple de Marc et Jean-Jacques envisagé précédemment.
Nous pouvons y déceler deux facteurs de déterioration de la communication.
1. La passionnalisation.
Comme nous l'avons dans l'exemple de l'agraffeuse, les émotions de Jean-Jacques sont venues perturber et orienter son décodage.
S'il avait pris conscience de ce qui se passait, il aurait pris de la distance par rapport à ses émotions et aurait été sans doute capable de réagir de manière adaptée.
Il aurait répondu à Marc sans s'énerver et sans passion interne qu'il se méfiait s'il devait lui prêter son agraffeuse car cela fait déjà plusieurs fois que les objets qu'il lui a prêté ne sont pas revenus.
Il aurait négocié.
Ici, pris par le jeu des émotions, il s'est mis en tort et a gravement déteriorié sa relation avec Marc.
Si nous y prêtons attention et si nous voulons bien regarder la réalité en face, nous sommes fréquemment et sans nous en rendre compte la victime ou le jouet de mécanismes de la passionnalisation.
Nos dirigeants n'y échappent pas. Regardez l'actualité nationale et internationale, elle fourmille de phénomènes de passionnalisation (Grèves, guerre, attentats, provocations diverses, ....).
La personne victime d'une passionnalisation n'est pas à juger, elle est victime de ses réflexes émotifs de son passé de primate.
A nous d'être capable de prendre de la distance par rapport à ce qui se passe et à être capble de ne pas nous laisser emporter par nos propres réflexes de passionnalisation.

2. Les conditionnements et les vieux programmes mentaux.
Nous avons des "programmes" que nous avons mis en place à un moment donné, qui étaient alors adaptés aux circonstances. Malheureusement, nous souffrons parfois de rigidité dans notre comportement lorsque les circonstances changent.
Dans l'exemple précédent, nous avons vu que Marc avait provoqué la colère de Jean-Jacques en lui envoyant un signal d'apaisement mal décodé par Jean-Jacques et interprété comme les prémices d'une agression. Nous avons également vu que confronté à des manifestations de colère de Jean-Jacques, Marc ne va pas adapter son programme. Au lieu d'arrêter de sourire et de chercher une autre stratégie, il persiste dans son comportement inadapté et l'accentue, avec les conséquences que nous connaissons.
Lorsque Jean-Jacques s'énerve sur Marc sans avoir conscience de ce qui se passe, il est lui aussi victime de vieux programmes liés à son père et ses mésaventures conjugales.
Ce que j'ai décrit dans cet exemple est très loin d'être des cas isolés, nous sommes très souvent victime de comportements inadaptés que nous persistons à utiliser.
Dans ces programmes, j'ai envisagé le cas de programmes individuels mais il y a aussi des programmes collectifs tels que décrit en psychologie qu'elle soit individuelle ou sociale.
Par exemple, on peut observer que la proximité des stimulis provoque dans notre esprit une association affective et même une relation de cause à effet.
C'est en passant dans le couloir après une manifestation et en voyant les étudiants prendre note fébrilement de leur horaire que je me suis rappelé ce principe.

L'affichage du nouvel horaire concordait en effet avec le retour de manifestation.
C'est évidemment un concours de circonstance mais il s'est produit un mix entre les émotions générées par la manifestation et celle liées à la découverte de l'horaire.

Le danger est également de nature mentale car un raisonnement de cause à effet peut se produire entre les deux événements surtout grâce au concours d'une certaine effervescence émotive (peur, colère, joie, joie de la manif contrebalancée par un horaire "pourri" ).
cela pourrait donné inconsciemment, on s'est vengé de notre comportement (manif) en nous faisant un horaire pourri ou après avoir eu le courage de manifesté, j'étais en droit d'espérer un meilleur horaire.
3. L'objectisation.
Ce phénomène est une conséquence de la passionnalisation.
Cette fois-ci nous sommes à l'opposé de la personne qui se laisse emporter par ses émotions.
Je vais vous décrire deux exemples très différents d'objectisation. Ils sont tous les deux normaux.
Nous en verrons ensuite d'autres beaucoup plus critiquables.
Lorsque nous sommes entassés dans une rame de métro ou dans les transports en communs, nous adoptons un comportement qui va nous permettre de ne pas créer de conflits avec les personnes qui sont autour de nous.
Nous allons nous faire le plus discret possible et éviter d'avoir des interactions visuelles et autres avec les interlocuteurs éventuels. Nous baissons le regard, évitons de regarder le voisin et à fortiori s'il est de sexe différent. Nous traitons notre entourage comme des objets, des potiches animées afin d'éviter les émotions.
Si nous ne le faisons pas, il y a risque de conflits.
Deuxième cas, où nous rencontrons l'objectisation, c'est dans les métiers médicaux et paramédicaux.
Le personnel soignant évitent de s'attacher aux personnes car s'ils ne le faisaient pas, ils seraient confrontés à des chocs, des épreuves dans l'émotif. Ils perdraient leur efficacité professionnelle puisqu'ils ne seraient plus en mesure de poser certains actes médicaux délicats.
Malheureusement ce programme appliqué sans discernement débouche sur des effets pervers, c'est ce que le langage commun nomme la déshumanisation. On traite l'autre comme un objet, on lui enlève son droit à la parole. il devient un simple pion quand ce n'est pas une tête de bétail.
C'est ce qui arrive quand un homme d'affaire raye d'un simple trait de plume des milliers d'emplois au bénéfice d'un plus grand profit pour lui-même.
Les services sociaux peuvent connaître cette dérive surtout quand ils sont aux prises avec des difficultés budgétaires.
Nous voyons bien que l'objectisation est l'un des résultats possible d'un "mix" entre une forme de défense contre la passionnalisation et un vieu programme de primate vivant dans un monde surpeuplé. 

4. La distance thérapeutique.
Nous sommes dans la suite logique des problèmes de l'objectisation et de la passionnalisation.
Trop proche d'un interlocuteur, nous passionnalisons, nos émotions risquent de prendre le dessus.
Nous risquons d'être aveuglés par nos sentiments.
Trop éloigné, c'est l'objectisation et la déshumanisation.
Nous devons réussir à nous ajuster entre les limites de l'un et de l'autre et à trouver notre réglage personnel.
5. Les parasites.
Les parasites sont des bruits ou des variantes (froid, chaleur, objets dans le champ de vision, actions dans l'environnement, ...) qui perturbent l'échange de données entre deux interlocuteurs.
Ces parasites déteriorent évidemment la communication et peuvent contribuer à la "passionnaliser" en augmentant la tension émotionnelle.
Par exemple être toujours interrompu dans sa communication par des bruits violents énerve les interlocuteurs. 
Nous devrons nous en souvenir lors d'un entretien, en nous assurant de disposer des conditions de sécurité (local à part) et de confort (temps suffisant disponible, local convenable).

B. L'autonomie.
Le professionnel de la communication doit viser à rendre autonome les personnes dont il s'occupe.
On peut servir de béquille à l'interlocuteur pendant un temps mais pas indéfiniement. L'idéal est de rendre l'interlocuteur autonome:
  • Autonome par rapport à ses émotions de manière à ne se laisser porter par elle qu'en connaissan,ce de cause.
  • Autonome par rapport à ses programmes mentaux de manière à pouvoir les remettre en question et à les réadapter selon les besoins personnels et les nécessités du milieu.
  • Autonome par rapport aux pressions et manipulations exercées par d'autres personnes qui utilisent entre autres les émotions et les vieux schémas mentaux.
Cela, c'est l'enjeu principal, pour ne pas dire le seul et l'unique car tout le reste découle de lui.

C. Comment procéder ?
Pour rendre la personne autonome, le professionnel va devoir porter ses efforts pour prendre le contre-pied des facteurs qui détériorent la communication mais aussi notre fonctionnement psychologique.
Nous allons donc devoir aider l'interlocuteur à ...
  • ... dépassionnaliser.
  • ... reprogrammer, c'est-à-dire démonter les vieux programmes mentaux et les reconstruire.
  • ... désobjectiser ou ne pas être objectisé. 
Cela va devoir se faire via les canaux analogiques et numérique donc par le support d'échange d'informations verbales et non verbales.
Expliquer cela, c'est quasiment toute la suite des notes sur la communication et la résolution des conflits.
Si les finalités sont les mêmes pour la communication analogique et numérique, si la philosophie reste la même (éviter les problèmes de décodage et leur interprétation passionnelle, prendre de la distance), les moyens à mettre en oeuvre varient selon le canal étudié.
Nous allons donc nous intéresser à l'un puis à l'autre.
Mais au préalable, il faut tout d'abord s'intéresser à une phase importante et même déterminante.

D. La mise en place de la relation.
Former des personnes à désamorcer des bombes, c'est bien.
Néanmoins, si je ne leur apprend pas à rechercher les bombes ni à les approcher, ils risquent de ne jamais commencer leur travail et de sauter sur la bombe avant même de l'avoir trouvée... .
C'est le même problème en communication.
J'ai beau vous apprendre à dépassionnaliser, démonter un raisonnement erroné, ... , si je ne vous apprend pas à établir la relation avec les personnes.
Ce sont les premiers contacts, les premières rencontres avec les personnes qui vont être déterminantes.
Avant de pouvoir dialoguer de choses "lourdes", la personne doit avoir confiance en l'interlocuteur. Cela passe obligatoirement par une phase où il faut faire connaissance, se poser en tant qu'intervenant éducatif ("professionnel").
Cette phase va fatalement mettre en jeu des échanges de nature d'abord analogique avant d'être numérique.
Pour faire connaissance, il faudra participer au quotidien de la personne soit en s'inscrivant dans des activités en place soit en les mettant en place.
Mettre en place la relation nécessitera d'éviter l'agressivité.
Cependant, cela ne signifie pas se laisser et laisser faire.
Il faut parvenir à une forme de respect mutuel.
Prendre garde à la distance thérapeutique.

E. Donner la parole à la personne.
Il faudra veiller à donner la parole à la personne, c'est-à-dire la laisser s'exprimer ou prendre le temps de l'observer pour détecter chez elle ce qui la motive.
Quelques professionnels plus soucieux de leur confort personnel que de celui de la personne ignorent superbement cette nécessité quand ils ne la décrient pas, la taxant de démagogique, inefficace, source de désordre.
Le problème frappe à tous les niveaux et à tous les âges. On cherche à fonctionner sans chercher à donner du sens à la démarche éducative.
Pour vous aider à comprendre, voici un exemple qui peut se présenter de la classe maternelle au home pour personne âgées.
Un visiteur vient dans l'institution et voit des pompons alignés au fenêtres en rang d'oignon. Ces pompons pourraient être d'autres bricolages de la même bouteille. Le mois de décembre voit souvent fleurir sur les appuis de fenêtre quelques ramasse-poussières standardisés et répétitifs prêt à défiler.
Je ne critique pas le bricolage en soi, je critique la philosophie dans laquelle il est réalisé.
Si je vous demande à chacun une idée de bricolage, il serait extrêmement surprenant que vous me sortiez la même idée.
Pourquoi voulez-vous que nos résidents se conforment au même modèle ?
Il est plutôt évident que l'idée est venue d'une personne et à été imposée à l'ensemble.
Deuxième critique : En quoi réaliser des pompons est-il porteur de sens pour un résident ?
Cette activité les occupe certes mais donne-t-elle un sens, un plaisir, une acquisition à leur quotidien ?
L'apprentissage a aussi parfois "bon dos" et les motifs oiseux foisonnent lorsqu'il faut occuper ces "jeunes" , l'oisiveté et le désœuvrement étant le couple maudit, géniteur de tous les vices.
Oui mais ...
Une activité qui répond à une motivation intrinsèque des personnes n'est-elle pas  plus porteuse ?

5. L'écoute numérique.
5.1 Introduction.
Nous avons vu précédemment que pour rendre la personne autonome, le professionnel va devoir porter ses efforts pour prendre le contre-pied des facteurs qui détériorent la communication mais aussi notre fonctionnement psychologique.
Nous allons donc devoir aider l'interlocuteur à ...
  • ... "dépassionnaliser".
  • ... reprogrammer, c'est-à-dire démonter les vieux programmes mentaux et les reconstruire.
  • ... "désobjectiser" ou ne pas être "objectisé". 
Cela va devoir se faire via les canaux analogique et numérique donc par le support d'échange d'informations verbales et non verbales.

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