dimanche 10 avril 2016

L'EDUCATION LIBERATRICE



Le concept de l'éducation libératrice a été développée par Paulo Freire dans son livre
 "Pédagogie des opprimés" (PCM. Petite collection Maspéro. 1974).

Paulo Freire oppose le concept d'éducation libératrice au concept d'éducation bancaire.
"L'éducation est atteint d'une maladie de la narration".

Dans l'éducation bancaire, il y a d'un côté un «sujet narratif», l'enseignant, et de l'autre des objets qui écoutent patiemment, les étudiants.

"Le professeur parle de la réalité comme si elle était immobile, statique, compartimentée et prévisible ... complètement étrangère à l'expérience existentielle des étudiants".
Sa tâche consiste à "remplir" les élèves avec le contenu de sa narration" ..."La narration (avec l'enseignant en tant que narrateur) amène les étudiants à mémoriser mécaniquement le contenu narré". Les élèves deviennent des "contenants" ou des "récipients" passifs attendant d'être "remplis" par l'enseignant. L'éducation devient "un acte de dépôt "..."C'est le concept de l'éducation bancaire dans lequel le champ d'action permis aux étudiants ne s'étend pas plus loin que le fait de recevoir, de prendre en dépôt et de stocker" le savoir transmis.
Freire démontre comment l'éducation bancaire est aliénante pour les personnes: "Plus les étudiants travaillent à stocker les dépôts qui leur sont confiés, moins ils développent la conscience critique qui résulterait de leur intervention dans le monde en tant que transformateurs du monde."..."Plus ils acceptent complètement le rôle passif qui leur est imposé, plus ils tendent simplement à s'adapter au monde tel qu'il est et à la vue fragmentée de la réalité qu'on a déposée en eux".
Freire pense que l'éducation bancaire est un instrument d'oppression : "La capacité de l'éducation bancaire à minimiser ou à annuler le pouvoir créatif des étudiants et de stimuler leur crédulité sert les intérêts des oppresseurs, qui se soucient ni de voir le monde révélé, ni de le voir transformé".

Au contraire, l'éducation libératrice est "une praxis : l'action et la réflexion d'hommes et de femmes sur leur monde afin de le transformer". Les éducateurs libérateurs, écrit Freire, doivent abandonner l'objectif éducatif de transmettre un dépôt et le remplacer par une approche consistant à poser des problèmes à des êtres humains en relation avec le monde.

"Dans le dialogue, l'enseignant-des-élèves et les étudiants-de l'enseignant cessent d'exister et un nouveau terme apparaît : l'enseignant-élève avec des élèves-enseignants".
Dans le processus de praxis (action et réflexion),"les étudiants ne sont plus des auditeurs dociles, ce sont maintenant des co-chercheurs critiques en dialogue avec l'enseignant". Cela signifie que la connaissance n'est pas quelque chose de fermé sur elle-même que  l'enseignant doit transmettre, c'est le résultat d'une exploration et d'une conquête active. Alors, ajoute Freire, "l'enseignant n'est pas seulement celui-qui-enseigne, mais celui qui est lui-même enseigné dans le dialogue avec les étudiants, qui à leur tour enseignent aussi, tout en étant enseignés".

Selon Freire, l'approche éducative par problème est libératrice car elle permet à "l'opprimé de commencer à poser la question: Pourquoi ?"
Freire conclut en questionnant la finalité de l'éducation : "L'éducation fonctionne soit comme un instrument qui est utilisé pour faciliter l'intégration de la jeune génération et sa conformité à la logique du système actuel ou elle devient une pratique libératrice, par laquelle les hommes et les femmes se confrontent à la réalité de manière critique et créative et découvrent comment participer à la transformation de leur monde."

N'avons-nous pas besoin d'appliquer cette question à notre propre pratique éducative : est-elle un instrument d'intégration et de conformité ou bien une pratique libératrice qui permet aux jeunes d'aborder la réalité de façon critique et créative afin de participer à la transformation du monde ?

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